
_VÉRONIQUE
Véronique habite Orléans. Un cancer du sein invasif lui est dépisté en 2014. Elle décide alors de battre la maladie, de se battre pour vivre, de se battre pour rester digne. De garder la tête haute et de prendre pour ligne de mire la rémission, la guérison. De se dire, je vais y arriver, je vais garder l’envie, je vais garder l’espoir. Il n’y a pas de honte à être malade et la beauté est dans les yeux de ceux qui regardent. Véronique contacte Géraldine et lui demande de la photographier à différentes étapes de sa maladie. De la suivre, de l’accompagner. C’est là qu’une relation intime et intense entre elles deux s’est nouée. Véronique a gagné. Son sein est reconstruit. Ses cheveux ont repoussé et elle vend maintenant des sous-vêtements aux fibres spéciales pour aider les femmes ayant subi une mastectomie ou une chirurgie réparatrice à adoucir leur quotidien.
_ANDRÉA
Andréa est danseuse et comédienne, beaucoup de choses passent par le corps. Elle a une force de vie fabuleuse, du talent, de la générosité et une énergie vitale dix niveaux au dessus de la moyenne. Andréa a été violée à partir de 8 ans et pendant une longue période par un ami de la famille. Se construire en tant que femme après un tel traumatisme est complexe. Difficile d’accepter ce corps, qu’elle a rejeté longtemps. Elle se raccroche à la danse. Après ce qu’elle a vécu, c’est une manière de s’exprimer avec poésie mais aussi une manière d’exorciser toute sa colère, sa culpabilité. C’est son souffle de vie. En 2016, elle joue “Les Chatouilles”, l’histoire d’une enfant abusée sexuellement. Une pièce puissante, dansée, et pleine d’émotion, unanimement saluée par la critique. Ce sera la consécration. Elle obtient le Molière du Seul(e) en scène. Cette pièce est adaptée à l’écran sous le titre “Les chatouilles ou la danse de la colère” et est présentée à Cannes en 2018. Aujourd’hui, elle se bat pour que les délais de prescription des délits pédophiles passent à l’imprescriptibilité.


_MATHILDE
Mathilde souffre d’une maladie orpheline dont on n’a pas trouvéle traitement. Ses muscles s’atrophient progressivement et perdent leur force. Mais la force, Mathilde l’a, et elle décide de se prendre en charge elle-même, de gérer son corps de la meilleure façon. Mathilde nage 4 fois par semaine. Cette pratique la remuscle, la renforce,l’aide à apprivoiser la douleur et à améliorer sa résistance à la fatigue. L’eau est devenue sa meilleure amie, c’est l’élément qui la libère des tensions et qui l’aide à surmonter l’effort. Mais malgré la maladie Mathilde est toujours là pour ceux/celles qui en ont besoin. Elle a une aura lumineuse qui fait d’elle une personne qu’on a envie de voir et de revoir. C’est une amie avec un grand A, une vraie. Une qui sait écouter et sur qui on peut compter. Mathilde c’est la puissance de la détermination et de la générosité.
_MARIE-AMÉLIE
Marie-Amélie pratique l’athlétisme depuis l’âge de 6 ans. Elle décroche de nombreux titres départementaux et nationaux. En 2004, elle est victime d’un très grave accident de scooter et doit être amputée du niveau inférieur de la jambe gauche. Elle trouve la force de se fixer de nouveaux objectifs et malgré la difficulté de cette épreuve, elle réinvestit les stades 4 mois seulement après son accident. Marie-Amélie court, court, et obtient son graal avec deux médailles d’or et une de bronze lors des Jeux Paralympiques de Rio en 2016. La puissance, elle l’a dans les jambes et dans la tête mais elle l’a aussi dans le coeur. Marie-Amélie est une femme concernée, attentive et surtout désireuse d’apporter son aide avec force et vigueur. À travers son histoire et ses réussites sportives, elle promeut le handisport et parle sans tabou du handicap aux jeunes dans les écoles. Elle intervient aussi dans les entreprises pour démontrer que les changements et les contraintes subis peuvent finalement être de belles opportunités pour se questionner et s’améliorer. Rien ne l’arrête Marie-Amélie.


_Fatou.
Tout s’illumine quand Fatou entre dans une pièce. Le sourire immense et l’énergie contagieuse, elle nous embarque dans un monde où le courage et l’engagement donnent des ailes, où rien n’est impossible, où les problèmes ont une solution. Experte aux Nations Unies, serial entrepreneuse engagée, autrice, conférencière, board member, globe-trotteuse, mannequin, la liste des talents de Fatou est longue… son secret ? Muscler son audace et booster sa confiance en soi pour passer à l’action. A l’âge de 13 ans, elle développe une arthrite aigüe de la hanche dont le traitement ne sera autre qu’une double prothèse et l’alitement pendant un an dans un centre spécialisé. Cette année sera paradoxalement l’une des plus belles périodes de sa vie. C’est là qu’elle découvrira les arts, le cinéma, la liberté. C’est là que germera le bourgeon de la future Fatou créative et aventurière. Son parcours hors du commun la mène de l’entreprenariat à Singapour à l’entreprenariat en Australie, sans compter les haltes au Brésil, en Colombie, en Argentine ou aux US. De retour en France, Fatou ressent le besoin de se réaligner avec ses valeurs. Elle co-fonde avec son acolyte Maud « The Great Village », un concept de start-up unique où une communauté de « Greaters » se lancent ensemble dans la réalisation de projets selon le principe simple du troc comme base d’échange de compétences, d’expertise, de ressources marchandes et non marchandes. The Great Village compte aujourd’hui 1500 membres à travers le monde. En 2020, Fatou crée « The Wonders » un collectif de 500 femmes d’impact et accélérateur d’entreprenariat et d’intreprenariat féminin dont les mots d’ordre sont solidarité, échange, sororité et communauté. 2021 marque la naissance de « la journée internationale des femmes d’impact, temps fort qui célèbre les nouvelles role models inspirantes : 77 femmes engagées sont récompensées pour leurs actions en faveur d’un monde meilleur. Pousser les femmes à la conquête de leur super-pouvoir afin de changer le monde, telle est la mission de Fatou. Evident lorsqu’on est soi-même une Wonder Woman !

_Marie-Claire.
Marie-Claire a 70 ans. Elle est forte, décidée, a de l’énergie à revendre, les problèmes ne lui font pas peur… d’ailleurs les problèmes n’en sont pas. Ceux qui la connaissent savent qu’elle a le rire contagieux et l’étincelle de l’optimisme dans le regard. Jeune prof de français en 1971, elle rêve de visiter les pays Scandinaves mais avec son petit budget, elle ne peut aller qu’en Roumanie, elle part à Bucarest en voyage organisé. Dès son arrivée ses yeux croisent ceux d’Adrian, le beau guide, et c’est le coup de foudre, celui qui chamboule les coeurs, celui qui donne des ailes et qui carbonise les frontières. Ils ne se sont pourtant vus que quelques heures. Marie-Claire décide de repartir, peu après, seule en Roumanie. Pour voir Adrian. Oui, c’est bien lui. C’est lui son amour. Pendant 3 ans, Marie Claire lui écrit tous les jours et tous les jours Adrian va au centre de tri chercher la missive de l’élue de son coeur. Lui ne peut que rarement répondre. Nous sommes en Roumanie sous Ceausescu. C’est Marie-Claire qui demande Adrian en mariage en 1974. Elle quitte le cocon familial. Elle quitte un pays libre pour une dictature. Elle quitte le confort pour une vie rude. Pas d’eau, pas de chauffage, pas grand-chose à manger et cela beaucoup trop souvent. Mais il y a l’amour, un amour fort, beau et puissant. Marie-Claire et Adrian s’aiment comme au premier jour depuis maintenant 46 ans. Ils ont 2 enfants dont l’une s’appelle Géraldine… et c’est notre photographe !
_Catherine.
Regarder Catherine, c’est plonger dans un bouillon d’énergie. Petite, elle souffre d’une scoliose, le médecin qui la suit lui prescrit des cours de danse classique afin de redresser son dos. De thérapie, la danse mute en passion et lui donne la force de surmonter le quotidien, parfois violent, de sa vie d’adolescente. De sa Guadeloupe natale elle part à New York faire un stage à la “Ailey School” grâce à une bourse, c’est là qu’elle découvre la danse contemporaine et les danses urbaines. Un nouveau monde s’ouvre à elle. Elle passe brillamment son bac puis oriente son choix de carrière vers la danse alors que les grandes écoles lui ouvraient leurs portes. La danse transcende tout pour Catherine, c’est l’espace où se niche une mémoire corporelle originelle, c’est un outil de développement personnel et de conversation avec elle-même, c’est l’expression ultime qui se passe de mots. Catherine est forte, très forte et cette force, elle la tire des mouvements longuement répétés ou des improvisations qui l’emmènent au-delà de ses inhibitions.


_Inna.
Inna est née deux fois. La première, au Mali, il y a plus de 30 ans. La seconde sur la table d’opération d’un chirurgien français, Pierre Foldès. Elle a 22 ans. Il va réparer ce qu’elle pensait irréparable, sa blessure redoutable : l’excision dont elle a été victime alors qu’elle n’avait que 5 ans. Inna est chanteuse et se raconte dans ses chansons. Mais elle est aussi engagée et est impliquée dans la lutte contre l’excision. Elle est marraine de la Maison des Femmes, une bâtisse dédiée aux femmes victimes de violences sexuelles, conjugales et psychiques. Elle participe à des groupes de parole, car la parole est le premier pas vers la guérison. Le plus difficile lorsqu’on est victime d’une telle violence, c’est la honte qui enferme dans le silence. En partageant son parcours, elle redonne espoir et confiance à ces femmes. Son crédo : personne n’a le droit d’abuser du corps des femmes. Et ça elle le dit et elle le répètera jusqu’à ce que ce soit entendu. La bouche d’Inna contient tous les mots pour persuader calmement. On peut être engagée et apaisée. Inna nous le prouve.

_Camille.
Camille n’est pas née dans son genre. Elle est née fille dans un corps de garçon. D’origine vietnamienne, elle arrive en France à l’âge de 3 ans et quitte le foyer à 17 ans. Elle s’engage pendant quelques années dans l’armée puis réintègre le monde civil où elle gravit les échelons et accède à des fonctions prestigieuses notamment au sein de l’institut Choiseul. Camille est une bosseuse. Mais le mal-être est là, toujours là. Et c’est à 40 ans qu’elle prend la grande décision, celle de ne plus cacher l’identité de genre qui est sienne, celle de révéler au monde que la nature s’est trompée, celle de ne plus être en conflit avec elle-même, celle de devenir la femme qu’elle a toujours été. Elle sait que le chemin sera long, difficile, coûteux, solitaire, que le jugement et le regard oblique de la société sera souvent douloureux. Et pourtant, elle a le courage de commencer sa transition. Camille travaille depuis quelques mois dans l’entreprise sociale et solidaire Simplon.co, une fabrique de codeurs qui forme gratuitement des personnes réfugiées, des ados en marge du système, des chômeu.r.se.s longue durée, ou encore des jeunes issu.e.s de quartiers défavorisés. Respect Camille !
_Judith.
Quand Judith vous parle, elle ne va pas par 4 chemins. Elle choisit ses mots, dit les choses en vous scrutant de son regard profond. Après 5 années passées dans le département digital de L’Oréal à Londres et 3 ans au sein du magazine de photographie Egoïste, Judith se lance dans la réalisation de documentaires en 2013. De réflexions en rencontres, Judith découvre le monde de l’économie sociale et solidaire et croise une communauté des jeunes gens optimistes et visionnaires qui oeuvrent pour trouver des solutions aux problèmes sociaux et environnementaux. Le contraste entre le traitement morose de l’actualité par les médias et l’enthousiasme qu’elle côtoie au quotidien la pousse à prendre ses caméras pour mettre en lumière ces actions innovantes et positives. L’éducation est le sujet qui la passionne. Ainsi naissent les documentaires « Une idée folle » et « Devenir grand » qui posent la question de l’école du 21 ème siècle. Judith filme 9 établissements scolaires dans lesquels les enseignant.e.s s’engagent au quotidien pour inventer un nouveau modèle d’école. Leur objectif ? Former une génération de citoyen.nes épanoui.e.s et responsables qui, en cultivant l’empathie, la coopération, la prise d’initiatives, la créativité, la confiance en soi, auront à cœur de changer positivement le monde. Judith travaille à présent sur une série de documentaires « Liberté, Egalité, Sororité » dont le but est de montrer des collectifs de femmes afin de permettre aux activistes en devenir de s’emparer dela notion de sororité. L’engagement est le fil conducteur de Judith. Ce qu’elle veut véhiculer par l’intermédiaire de ses documentaires c’est mettre un phare sur les gens de bien, celles et ceux qui font à leur échelle, celles et ceux qui ont conscience que le changement passent par elles.eux, celles et ceux qui ne baissent pas les bras.


_Guila.
Si les yeux sont le miroir de l’âme, ceux de Guila nous transporte dans une oasis de sérénité. Sa voix calme, claire, et sa parole intelligente et structurée témoignent de sa sagesse et inspire la confiance. Cet amour du « bien dire » vient de l’enfance. A 12 ans, Guila intègre le conservatoire de Metz et développe une passion pour le théâtre. Cette flamme des mots ne la quittera plus. Elle comprend que leur emploi est un outil sociétal majeur, qu’au delà des beaux textes, le théâtre peut être au service de celles et ceux qui n’ont pas de voix, de celles et ceux qui, en situation post traumatique, ont du mal à prendre la parole. Elle étudie la production culturelle à l’Essec, puis part faire un doctorat à l’Université de Boston sous la direction de Eli Wiesel, prix Nobel de la Paix. Elle y approfondit ses connaissances des méthodes scéniques verbales et non verbales dans l’objectif d’aider les victimes de traumatismes liés à des violations des droits humains. Une deuxième rencontre sera capitale dans le parcours de Guila. Celle de Tal Ben Jahar, le professeur de bonheur à l’Université de Harvard. Sa vie change et elle retrouve l’énergie positive après l’épuisement émotionnel dû à ces années de collecte de témoignages de traumas et de violence. C’est grâce à ce cours que Guila effectuera le tournant vers le coaching. Elle accompagne des comités de direction, des hauts dirigeants et managers dans la gestion du changement par le biais de la psychologie positive, de la négociation et de l’intelligence situationnelle. Guila se définit comme « artiviste », elle reçoit le titre d’Artiste de l’Unesco pour la Paix et est nommée Officier des Arts et des Lettres pour son travail de rayonnement de la culture Française au travers de ses engagements. Aider, mettre en rapport, avoir le culot de décloisonner différents univers, Guila prouve qu’il n’y a pas de règles, que la transdisciplinarité mène à l’ouverture sur un monde plus vaste et plus humain.






L’exposition photo “Don’t fuck with me” est un projet de Géraldine Aresteanu et Patricia Louisor-Brosset qui vise à célébrer la puissance des femmes et des petites filles.
Qu’elles se prénomment Inna, Véronique ou Andréa... elles sont toutes des héroïnes du quotidien, nous sommes toutes des héroïnes du quotidien, et leur histoire est aussi la nôtre.
Géraldine a su saisir toute la force, la vulnérabilité, l’émotion dans le visage et dans l’attitude de ces femmes et Patricia a narré leur histoire dans un texte venant soutenir les clichés.
Cette expo s’est montée très vite en 2017 et est arrivée au moment où la parole des femmes se libère. Il n’y a pas de hasard et “Don’t fuck with me” est l’impulsion positive qui ouvre la voie aux voix.
